j'ai descendu dans mon jardin ......
hier entre deux averses, je suis allée faire provision de fleurs...le mois de juin est celui où mon jardin est le plus beau, il se couvre de roses, de pivoines, d'iris, d'ancolies......j'ai toujours aimé juin, les jours sont longs, l'herbe est haute dans les près, les grillons chantent, le soleil est encore doux et l'on sent déjà un parfum de vacances....
mais depuis 12 ans dans 3 jours, juin est aussi un anniversaire bien douloureux, en effet mon papa nous a quitté le 10 juin 1994, il est parti au moment où ses chers rosiers croulent sous les fleurs.
mon papa était le fils d'un petit paysan pauvre de Lozère, orphelin de mère à l'âge de 2 ans, il n'a pas eu la vie facile, mais il a eu deux grandes chances dans son existence de petit garçon : un papa intelligent et une grande soeur douce qui a fait office de maman.
après les classes primaires, comme c'était un petit garçon qui réussissait bien, mon grand-père, contrairement à beaucoup de paysans de l'époque a laissé papa continuer l'école, elle était à 8 kilomètres de leur ferme, par tous les temps, chaussés de sabots, traversant des bois noirs, il faisait vaillamment le trajet deux fois par jour,portant son sac et sa gamelle contenant son repas de midi, elle était réchauffé sur le poêle de la classe.
malgré ces handicaps, il a fait de bonnes études ,l'école normale des instituteurs, puis après la guerre a poursuivi un cursus universitaire et est devenu enseignant :d'abord instituteur, puis professeur de lettres et ensuite inspecteur.
c'était un homme bon, honnête, travailleur, toujours disponible pour les autres, il exerçait son métier comme un véritable sacerdoce, il était sévère aussi, quand nous étions enfants, nous le craignions beaucoup, il avait une haute idée de notre éducation.
il a été pour ses petits enfants, un papé gâteau,
je pourrais dire encore bien des choses mais je crains de vous ennuyer, je voulais juste vous en parler un peu, pour partager avec vous l'amour que je lui porte, surtout en ce moment où son jardin qui est le mien à présent, est si beau.
alors je suis descendu dans mon jardin pour y cueillir des roses et des pivoines et papa était auprès de moi lors de ma cueillette, j'entendais encore sa voix qui n'avait jamais perdu son accent chantant dire "regarde comme c'est beau !"